Billet du Commissaire Bolomey, le Vieux Grincheux.
10 ans comme commissaire des Marchés Folkloriques...cela fait vieillir !
2004 2012 2014 2017
Billet du Commissaire 2017
2007 – 2017.
Dix ans comme votre commissaire. Je ne l’aurais jamais cru.
Lorsque on m’avait demandé de reprendre les Marchés Folkloriques j’étais sûr que je ne ferais que deux ou trois ans. J’étais persuadé qu’un Polonais-Ukrainien-Britannique-et-quand-même-un-bon vaudois-de-chez-nous ne pourrait jamais sauver (et, oui, les MFs ne respiraient pas la santé…) cette manifestation Ô si vaudoise, si Veveysanne.
Avec une petite équipe de vaudois, fribourgeois, valaisans, italiens, portugais, kosovars, somaliens, etc., on a pu redressé cette manifestation tant aimée des veveysans !
Mais une équipe béton, bien organisée et pleine de volonté n’aurait jamais pu réussir sans vous, les amoureux, les habitués, les amis des Marchés Folkloriques. Durant cette période difficile, il y a 10 ans, vous êtes restés fidèles, vous nous avez donné l’envie d’aller de l’avant, de réussir. Au début, cela a été très, très difficile… Pour sauver les Marchés en 2007, tous les groupements de musiques étaient même prêts à venir jouer gratuitement.
C’est grâce, surtout à vous, que nous avons réussi. C’est grâce à vous que le Vieux Grincheux et son équipe est toujours là.
Pour ces dix années – merci à mon équipe, merci à vous nos fidèles, merci à la voirie, la police, les musiciens, la commune, les commerçants et les maraîchers des samedis matin.
Détrompez-vous si vous reconnaissez un homme émotionnel dans tout ça. Le Vieux Grincheux tient à rester…grincheux… pour toujours ! C’est quand-même son image de marque !
Tout simplement – MERCI pour ces dix ans merveilleux que vous avez accordé et que vous accordez toujours à cet étranger qui aime notre Pays de Vaud, qui aime notre belle ville de Vevey !
Billet du Commissaire 2013
Voici ma 7ème année en tant que commissaire et malgré les protestations contre ce vieux grincheux de commissaire, je suis toujours là pour vous dire merci d’être fidèles à nos Marchés et à notre Vevey-la-Jolie. Une ville qui souffre un peu ces dernières années. Mais comme être humain – si on aime on s’accroche, on se donne, et on croit, et on aime notre Ville et ses traditions.
Je vous avoue, chers lecteurs, que 40 ans plus tôt je n’aimais pas du tout notre Pays. Mais pas du tout... Tout était trop parfait, trop organisé, trop militaire, trop « patriotique ». Mais aujourd’hui, je me suis rendu compte que le Pays de Vaud n’est pas si parfait que ça… Il m’a quand même accordé la nationalité ! Et le bordélique que j’étais a appris à être bien plus organisé et ponctuel. Côté militaire... je reste fidèle aux idées de ma jeunesse, mais mince, j’ai une petite faiblesse pour ces jeunes qui doivent subir leur école de recrue dans notre Pays. C’est pour cela que les Marchés Folkloriques offrent un verre gratuit à chaque soldat en service qui se présente aux Marchés en uniforme.
A l’époque, j’étais farouchement contre le patriotisme... mais notre Pays a vaincu mon aversion. Chaque samedi nos visiteurs auront le bonheur d’entendre l’Hymne Vaudois à 11h et le Cantique Suisse à la fin des Marchés !
En 1977, un peu perdu dans ce Pays de Vaud, j’ai posé des questions à un ami vaudois qui m’avait dit que le Vaudois est comme un chien sauvage : « C’est à toi de l’apprivoiser. Ce n’est pas lui qui va venir vers toi. Mais si tu fais un effort tu auras un ami jusqu’à la fin de ta vie ». Il avait raison. Ce chien sauvage n’est pas encore tout à fait sûr de moi... mais il me protège dans ma petite vie. Il m’a démontré mille fois sa fidélité et son amitié.
Il y aura d’autres commissaires après moi, bientôt (j’espère...) ou plus tard, mais je dirai à mon remplaçant : « Laissez-vous aller, nos habitués vous accepterons tant que vous aurez la reconnaissance que ce n’est pas eux qui ont besoin de vous mais bien vous d’eux et que vous les invitez, tout simplement, chez vous pour passer un bon petit moment bien vaudois ».
Le vieux grincheux vous remercie pour votre fidélité et amitié envers nos Marchés Folkloriques.
Riviera
Magazine - 8 juillet 2011
Jean-Louis Bolomey, commissaire des Marchés Folkloriques
Arpentant d’un pas rapide les pavés de la Grenette, il ne passe pas inaperçu lors des Marchés Folks, avec son éternel tablier de vigneron et son canotier. Depuis que Jean-Louis Bolomey a pris en main la direction-animation de la Société de Développement de Vevey (SDV) il y a cinq ans, les manifestations organisées ont pris un essor inédit.
D’abord, il y a les yeux. D’un bleu intense, polaire, qui tranche avec la bouille joviale de quelqu’un à qui on ne refuserait pas l’invitation spontanée de prendre un ptit coup de Saint Saph’ au carnotz’. Puis viens la voix, chaude, mâtinée d’un accent étrange, que l’on suspecte anglo-saxon, mais qui trahit tout de même le mélange. Avec son phrasé caoutchouteux : « Nayyye pas peur, entre ! », il faut donc s’engouffrer dans le saint des saints : le carnotzet de mister Bolomey. On accède à l’antre en serpentant dans une bien étrange galerie, peuplée de Janus, les Cent-Suisses, le Page de 1955, Vigneron primé de 1999, Gaston Buttet, , Enfant-Cep… mannequins portant les costumes mythiques des précédentes Fêtes des Vignerons, de 1905 à 1999. En cheminant dans ce musée alternatif (l’officiel est dans les bâtiments du Musée historique), il lance à la cantonade : « Bon, je vais quand même essayer de te transformer en Vaudois ! » Puis, après avoir mieux jaugé l’intervieweur, il semble se raviser en optant pour un simple catéchisme préliminaire.
Au fil d’un entretien naturellement agrémenté de bon vin (régional oblige), il semblera se ressaisir de temps à autre en susurrant : « Surtout ça, tu ne le dis pas ! » Mais l’œil frise bien trop pour signifier le « off ».
Ce fou amoureux du canton de Vaud en a arpenté chaque recoin, et s’est pris à aimer cette région « malgré lui ». Il avoue qu’il ne connaît pas la Suisse. Vaud est son pays. Sa terre d’accueil. Il y est arrivé en 1977 à 27 ans pour travailler au noir comme professeur d’anglais dans une école privée à Montreux, comme beaucoup le faisaient à l’époque. Né en Angleterre dans le quartier de Wimbledon, il a fait des études de biologie et de littérature, deux matières qui lui permettront de varier les plaisirs dans l’enseignement. Mais sa vraie passion est l’histoire.
La question de ses origines éclaire sans doute un peu cette volonté farouche de s’intégrer, voire plus encore, d’épouser cette région. Ses parents d’origine polonaise, ukrainienne et autrichienne, nés à une époque où la Pologne était encore partitionnée, ont émigré en Angleterre après la Deuxième Guerre Mondiale. Ses amis disent de lui : « Plus vaudois que Jean-Louis, tu meurs ! » Même si on ne lui en demandait pas tant, c’est plus fort que lui, il faut qu’il embrasse, qu’il étreigne. Avec énergie. Jusqu’au nom d’empreint : Bolomey, symbole de son adoption en terres vaudoises. Que trouve-t-il de si fascinant à ce petit périmètre niché au milieu de l’Europe ? Le grand melting pot qu’est la Suisse. Ici, il se sent chez lui bien plus qu’ailleurs. Il a pu se retrouver et exprimer qui il est : un être aux facettes multiples et parfois paradoxales.
Depuis toujours Jean-Louis Bolomey est un gros lecteur. A sept ans, il déclare à sa mère, interloquée : « Je veux lire quatre livres par semaine, donc je n’aurai pas le temps de me marier et avoir des enfants ! » Son écrivain préféré est sans conteste Thomas Hardy (son école de langues en porte le nom), dont il a lu tous les livres à 15 ans. C’est également à cet âge qu’il a enfourché son vélo pour voir la tombe de son écrivain fétiche, en avalant 200 km d’une traite.
Féru d’histoire, Sieur Bolomey prend soudainement des airs d’Alain Décaux des estaminets. Il n’aime rien tant que « refaire le match ». En évoquant quelques personnages historiques sa voix s’emporte pour tailler un costard ou encenser. Mais Talleyrand demeure le personnage qui le fascine au plus haut point.
Petit dormeur, il dévore biographies et autobiographies. Et se semble se reconnaître dans les personnalités complexes aux destins tortueux. Mais il s’affiche volontiers libre penseur, sans religion aucune. Avec un esprit rationnel aussi évident que son canotier est vissé sur sa tête. Ce qui ne l’empêche pas d’être interpellé par les religions, au point d’avoir plus de 400 livres sur le sujet dans sa bibliothèque et de lire régulièrement la Bible. En bon polonais-ukrainien, il n’a pas échappé à une éducation catholique stricte qui laisse certainement des traces. Il ne peut s’empêcher, comme à confesse, d’avouer qu’à dix huit ans il voulait être curé.
Convaincu que l’on « ne vit qu’une fois et qu’il faut donner tout à cette vie ». Pour lui la spiritualité s’ancre simplement dans la vie, comme « descendre des Rochers-de-Naye, en train, par un bel après-midi d’automne ».
A la question de savoir quels sont ses vins préférés, la réponse fuse : « Les premiers Gamaret, et l’Humagne rouge ! Ah le Gamaret Meylan d’Ollon ! Depuis 15 ans, les vignerons vaudois ont fait des choses hallucinantes. »
Dans ce carnotzet chargé de souvenirs, de photos, d’objets hétéroclites, dont même une série d’une vingtaine de channes en étain, du plus petit au plus grand… du Valais. « Houlà ! Surtout ça tu ne le dis pas ! », souffle-t-il.
Laurent Montbuleau
Rédacteur en chef
Jean-Louis Bolomey, commissaire des Marchés Folkloriques
Arpentant d’un pas rapide les pavés de la Grenette, il ne passe pas inaperçu lors des Marchés Folks, avec son éternel tablier de vigneron et son canotier. Depuis que Jean-Louis Bolomey a pris en main la direction-animation de la Société de Développement de Vevey (SDV) il y a cinq ans, les manifestations organisées ont pris un essor inédit.
D’abord, il y a les yeux. D’un bleu intense, polaire, qui tranche avec la bouille joviale de quelqu’un à qui on ne refuserait pas l’invitation spontanée de prendre un ptit coup de Saint Saph’ au carnotz’. Puis viens la voix, chaude, mâtinée d’un accent étrange, que l’on suspecte anglo-saxon, mais qui trahit tout de même le mélange. Avec son phrasé caoutchouteux : « Nayyye pas peur, entre ! », il faut donc s’engouffrer dans le saint des saints : le carnotzet de mister Bolomey. On accède à l’antre en serpentant dans une bien étrange galerie, peuplée de Janus, les Cent-Suisses, le Page de 1955, Vigneron primé de 1999, Gaston Buttet, , Enfant-Cep… mannequins portant les costumes mythiques des précédentes Fêtes des Vignerons, de 1905 à 1999. En cheminant dans ce musée alternatif (l’officiel est dans les bâtiments du Musée historique), il lance à la cantonade : « Bon, je vais quand même essayer de te transformer en Vaudois ! » Puis, après avoir mieux jaugé l’intervieweur, il semble se raviser en optant pour un simple catéchisme préliminaire.
Au fil d’un entretien naturellement agrémenté de bon vin (régional oblige), il semblera se ressaisir de temps à autre en susurrant : « Surtout ça, tu ne le dis pas ! » Mais l’œil frise bien trop pour signifier le « off ».
Ce fou amoureux du canton de Vaud en a arpenté chaque recoin, et s’est pris à aimer cette région « malgré lui ». Il avoue qu’il ne connaît pas la Suisse. Vaud est son pays. Sa terre d’accueil. Il y est arrivé en 1977 à 27 ans pour travailler au noir comme professeur d’anglais dans une école privée à Montreux, comme beaucoup le faisaient à l’époque. Né en Angleterre dans le quartier de Wimbledon, il a fait des études de biologie et de littérature, deux matières qui lui permettront de varier les plaisirs dans l’enseignement. Mais sa vraie passion est l’histoire.
La question de ses origines éclaire sans doute un peu cette volonté farouche de s’intégrer, voire plus encore, d’épouser cette région. Ses parents d’origine polonaise, ukrainienne et autrichienne, nés à une époque où la Pologne était encore partitionnée, ont émigré en Angleterre après la Deuxième Guerre Mondiale. Ses amis disent de lui : « Plus vaudois que Jean-Louis, tu meurs ! » Même si on ne lui en demandait pas tant, c’est plus fort que lui, il faut qu’il embrasse, qu’il étreigne. Avec énergie. Jusqu’au nom d’empreint : Bolomey, symbole de son adoption en terres vaudoises. Que trouve-t-il de si fascinant à ce petit périmètre niché au milieu de l’Europe ? Le grand melting pot qu’est la Suisse. Ici, il se sent chez lui bien plus qu’ailleurs. Il a pu se retrouver et exprimer qui il est : un être aux facettes multiples et parfois paradoxales.
Depuis toujours Jean-Louis Bolomey est un gros lecteur. A sept ans, il déclare à sa mère, interloquée : « Je veux lire quatre livres par semaine, donc je n’aurai pas le temps de me marier et avoir des enfants ! » Son écrivain préféré est sans conteste Thomas Hardy (son école de langues en porte le nom), dont il a lu tous les livres à 15 ans. C’est également à cet âge qu’il a enfourché son vélo pour voir la tombe de son écrivain fétiche, en avalant 200 km d’une traite.
Féru d’histoire, Sieur Bolomey prend soudainement des airs d’Alain Décaux des estaminets. Il n’aime rien tant que « refaire le match ». En évoquant quelques personnages historiques sa voix s’emporte pour tailler un costard ou encenser. Mais Talleyrand demeure le personnage qui le fascine au plus haut point.
Petit dormeur, il dévore biographies et autobiographies. Et se semble se reconnaître dans les personnalités complexes aux destins tortueux. Mais il s’affiche volontiers libre penseur, sans religion aucune. Avec un esprit rationnel aussi évident que son canotier est vissé sur sa tête. Ce qui ne l’empêche pas d’être interpellé par les religions, au point d’avoir plus de 400 livres sur le sujet dans sa bibliothèque et de lire régulièrement la Bible. En bon polonais-ukrainien, il n’a pas échappé à une éducation catholique stricte qui laisse certainement des traces. Il ne peut s’empêcher, comme à confesse, d’avouer qu’à dix huit ans il voulait être curé.
Convaincu que l’on « ne vit qu’une fois et qu’il faut donner tout à cette vie ». Pour lui la spiritualité s’ancre simplement dans la vie, comme « descendre des Rochers-de-Naye, en train, par un bel après-midi d’automne ».
A la question de savoir quels sont ses vins préférés, la réponse fuse : « Les premiers Gamaret, et l’Humagne rouge ! Ah le Gamaret Meylan d’Ollon ! Depuis 15 ans, les vignerons vaudois ont fait des choses hallucinantes. »
Dans ce carnotzet chargé de souvenirs, de photos, d’objets hétéroclites, dont même une série d’une vingtaine de channes en étain, du plus petit au plus grand… du Valais. « Houlà ! Surtout ça tu ne le dis pas ! », souffle-t-il.
Laurent Montbuleau
Rédacteur en chef